Les recherches menées par Virginie Houle1 (2021), Université du Québec à Montréal, démontre un engagement cognitif important de la part des élèves, qui cherchent à adapter leur stratégie de résolution lorsqu’elle s’avère inefficace. Selon madame Houle, il arrive néanmoins que des élèves maintiennent , malgré les caractéristiques des problèmes, des stratégies élémentaires peu efficaces avec lesquelles ils sont à l’aise. En effet, les élèves ne rejettent pas d’emblée une stratégie élémentaire (dont ils sont parfois devenus experts!) parce qu’elle s’avère couteuse à nos yeux, étant donné nos connaissances. Pour un élève, utiliser une stratégie qu’il contrôle est souvent moins exigeant que de faire l’effort et de prendre le risque de mobiliser une nouvelle stratégie, plus efficace (ou du moins qui sera plus efficace lorsqu’il la contrôlera). Un saut informationnel peut donc être nécessaire pour que les élèves abandonnent de leur propre chef une stratégie de résolution élémentaire. La notion de saut informationnel (Brousseau, 1998) suggère qu’il peut être préférable, plutôt que d’augmenter de façon progressive les nombres, de les augmenter abruptement pour ainsi créer une rupture et faire éprouver aux élèves la nécessité de changer de stratégie.
La métacognition et les stratégies
En observant la Progression des apprentissages ( page 23) on peut apprécier une liste de questions invitant les élèves à réfléchir à l’efficacité de ces dernières. La métacognition est justement l’habileté d’une personne à réfléchir sur la façon dont elle réfléchit.
Les travaux de Colette Picard2 de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue ont démontré qu’un élève comprend rapidement les stratégies nommées par ses pairs et qu’il est en mesure de les intégrer à sa démarche. Ainsi, mettre en place, dans la classe, une réelle communauté d’apprenants engagés dans la diffusion de: « Regarde comment je fais pour… » déclenche un ensemble de suggestions qui sont susceptibles d’augmenter les performances de chacun. madame Picard ajoute que rendre explicites les stratégies que l’enseignant ou l’enseignante utilise dans les contexte de situations d’apprentissage favorise également la métacognition. Pour Boulet A. 3 (1998) la métacognition est la variable qui a le plus d’impact sur les résultats scolaires.
Encourager l’engagement
Pour encourager les élèves à réfléchir à l’utilité des stratégies qu’ils cumulent dans leur répertoire, des enseignants des écoles Astrale et Aquarelle expérimentent un signet de compétence.
Le signet a été développé à la suite des réflexions ayant mené les équipes à constater la pauvreté du répertoire de stratégies des élèves. Ce signet est remis à l’élève au début d’une mission mathématique (situation-problème). Il précise, en mots-clés, les différentes stratégies proposées par les élèves ou les enseignants.es au fil des missions. Ces stratégies font donc l’objet de nombreux échanges en classe. Elles sont consignées à l’aide-mémoire de classe ou au référentiel.