Littérature jeunesse et mathématiques

La lecture des problèmes présentés sous la forme écrite demande à l’élève la construction d’une représentation mentale aidant la compréhension (Goulet, Voyer 2014).  Ainsi, compréhension de texte informatif et habileté à répondre à des questions d’inférence sont des facteurs motivant la réussite en mathématique. 

 

Les œuvres littéraires et documentaires présentées au bas de cet article offrent de nombreuses possibilités d’exploitation mathématique. Certaines ciblent un contenu spécifiquement mathématique –les albums à compter par exemple- alors que d’autres se laissent découvrir avec un regard attentif comme celui que porte Loma sur la littérature jeunesse.  Ainsi, il est possible de fixer une intention mathématique de lecture tout en s’intéressant aux idées mathématiques émises par les élèves lors de la lecture d’œuvres littéraires et documentaires.

L’exploitation de la littérature jeunesse est un merveilleux véhicule permettant de développer la numératie et la culture mathématique.  Par ses symboles, ses représentations et ses codes particuliers, la numératie couvre l’ensemble des connaissances et des habiletés permettant à une personne d’être fonctionnelle en société.  L’élève doit ainsi être accompagné pour en reconnaître la présence dans son environnement et dans les œuvres littéraires et documentaires qu’il découvre.

Textes informatifs

« Pour diverses raisons, la compréhension des textes informatifs exige une coordination de connaissances, d’habiletés et de stratégies de la part des lecteurs. Tout d’abord, ils présentent des structures variées, peu connues des élèves (Murphy, 2013; Fayol, 2016; Williams et Pao, 2013). De plus, ils portent sur des sujets souvent éloignés du vécu des jeunes et proposent un vocabulaire spécifique. Sans compter que la compréhension de ces textes demande aux lecteurs de faire de nombreuses inférences, c’est-à-dire de faire des liens entre une information lue et leurs connaissances ou encore entre deux informations du texte non liées explicitement. Moins les sujets sont familiers, plus l’inférence est difficile à faire.

Pour toutes ces raisons, les textes informatifs sont considérés comme étant plus exigeants sur le plan cognitif que d’autres types d’écrits, par exemple les récits (Dockrell, Connelly, Walter et Critten, 2015). Toutes ces spécificités font en sorte que les enseignants se sentent parfois démunis lorsque vient le temps de les enseigner, ne sachant trop par où commencer. Les textes informatifs, bien qu’ils soient présents
dans toutes les disciplines scolaires, font donc peu l’objet d’un enseignement planifié et spécifique. Puisqu’ils sont moins exploités directement en classe, les lecteurs peinent à les comprendre. » (ADEL, 2019

Lecture interactive

« Apprendre à lire, c’est d’abord et avant tout apprendre à comprendre. Trop souvent, au dire de Tauveron (2001), on propose aux élèves des textes lisses, où il n’y a rien à comprendre, rien à explorer.

Toujours selon Tauveron (2001), la lecture littéraire se distingue de la lecture documentaire parce
qu’elle est lacunaire. L’auteur ne dit pas tout, il laisse des blancs, il appartient alors aux lecteurs de construire les éléments manquants. Cette lecture lacunaire invite à la prise de risque. Elle favorise aussi le développement de la compréhension, car elle confronte les élèves à des énigmes et à des interprétations diverses. Si on poursuit comme objectif de développer les habiletés de compréhension chez les élèves, il faut choisir des textes résistants, c’est-à-dire des textes réticents, qui posent des problèmes de compréhension délibérés, et des textes proliférants, qui posent des problèmes d’interprétation. » (Drolet, 2014)

 

« La lecture interactive est un dialogue entre l’adulte et l’élève autour d’un récit qui se fait en cours de lecture à voix haute. Il s’agit d’un contexte d’apprentissage social et interactif où l’adulte joue un rôle de médiateur auprès de l’élève. L’intervention en lecture interactive permet de suivre de près le développement des élèves en intensifiant le niveau de difficulté, entre autres, par le choix des livres et des questions posées. Bien que l’élève n’ait pas à traduire lui-même le code, l’ensemble des processus est visé par l’intervention où l’adulte, par le questionnement, amène l’élève à lier causalement les éléments du récit dans le but d’assurer la compréhension et la cohésion » (La lecture interactive: questionner l’élève pour mobiliser les processus en lecture, Vivre le primaire,  2016)

Ce dialogue entre l’enseignant et les élèves peut parfois être teinté d’une intention mathématique. La planification de la lecture interactive  permet à l’enseignant de prévoir quelques ouvertures: un élément déclencheur inspirant les stratégies de résolution d’un problème; des illustrations permettant d’inférer que le personnage principal aime les mathématiques ou la présence de certains concepts (ordre croissant, régularités, figures géométriques, etc); la description d’un lieu permettant de dresser le  plan d’une pièce ou d’un quartier pour se repérer;  un sentiment particulier face aux mathématiques manifesté par un personnage; la présence de symboles mathématiques; l’estimation du temps que dure le récit ou la longueur d’un parcours; la référence à un illustre mathématicien ou une illustre mathématicienne; etc.   

La lecture interactive selon Alexandra Hontoy

Ce qu’est la lecture interactive.

  • Une lecture en grand groupe, où tous les élèves sont rassemblés près de l’oeuvre (l’accessibilité aux illustrations est très importante).
  • L’enseignante planifie des questions en lien avec les quatre dimensions de la lecture. Elle a lu plusieurs fois l’oeuvre avant de la lire aux élèves.
  • Après un survol des pages de couverture, une intention de lecture est bâtie avec les élèves.
  • Les questions sont toujours posées en entonnoir (question large puis de plus en plus spécifique).
  • Les regroupements des élèves pour répondre aux questions varient pour permettre des interactions. C’est le nerf de la lecture interactive: les élèves, guidés par leur enseignante, construisent le sens de l’œuvre par leurs échanges et leurs discussions.
  • L’enseignante adopte une posture de facilitatrice: on guide les élèves sans imposer notre vision de l’œuvre.
  • Tous les livres ne se prêtent pas à une lecture interactive. Le livre choisi doit être une œuvre résistante pour l’ensemble du groupe, c’est-à-dire une œuvre que vos élèves ne pourraient pas lire sans être accompagnés.

 Ce que la lecture interactive n’est pas.

  • Un questionnaire écrit ou à l’oral.
  • Une recherche de morale: trop souvent, on se sert d’œuvres résistantes pour enseigner une morale aux élèves (ex: ne pas intimider ses camarades). Ce n’est malheureusement pas le but de ce dispositif.
  • Une lecture sans questions avant, pendant ou après la lecture. Vous tombez sur une planification où il n’y a pas de questions avant, pendant et après la lecture? Cette planification mérite d’être revue.
  • Une lecture à voix haute où les élèves doivent rester en silence.

Ressources

Regard mathématique sur la littérature jeunesse:  plusieurs oeuvres littéraires et documentaires accompagnées de suggestions pour une exploitation mathématique. 

 

Lecture interactive:  planification d’une lecture interactive à l’aide d’un album de votre choix.  Plusieurs suggestions de questions pour soutenir le développement des quatre dimensions (Compréhension, interprétation, réaction et appréciation)

 

Suggestions des participants au Bivouac littératie numératie (document collaboratif).

 Ressources en ligne et suggestions d’exploitation mathématique

752 lapins

François Blais et Valérie Boivin (2016)

 

Livre audio ICI   (6 minutes) 

1er cycle

Dans cette histoire, le 752e lapin d’une gentille princesse se sauve.  Comment le retrouver? 

  • Un livre audio peut motiver la  représentation si importante en mathématiques.  Illustrer les temps de l’histoire pour soutenir le rappel.
  • Représenter 751 à l’aide de macaroni (grouper par 10 dans des sacs ou enveloppes et grouper 10 sacs pour représenter 100) 
  • Discuter des quatre propositions. Pourquoi la princesse choisit celle du 3e seigneur? Est-ce le meilleur choix? Pourquoi?
  • Selon toi, laquelle des 4 propositions demandent de connaître les mathématiques? 

Tu n’es pas (si) petit!

Anna Kang, Christopher Weyant (2017)

Tu me lis une histoire ? - Tu n'es pas si petit

Extrait: ICI

Préscolaire et 1er cycle 

Des ours se rencontrent.  Mais qui donc est petit? Qui donc est grand?  

Belle introduction à la comparaison et invitation au dialogue sur la différence.  

À la suite de l’histoire, utiliser des blocs emboîtables pour raconter l’histoire en misant sur la comparaison  (plus petit, plus grand).  

La tour Eiffel a des ailes

Mymi Doinet et Aurélien Débat

(2009)

 

Images et audio ICI

Cette sculpture se trouve à St-Georges.  Imagine qu’elle voyage… 

1er cycle et petits curieux ou curieuses du  2e cycle

La littérature jeunesse permet de voyager! La tour Eiffel s’ennuie et s’évade pour découvrir la France.  L’écoute de la lecture, enrichie des illustrations, permet d’attirer l’attention sur quelques données chiffrées: son poids, sa taille en unités non conventionnelles.

  • Le poids de la tour Eiffel est de 1500 éléphants.  Quel autre objet pourrait être mesurer en nombre d’éléphants.  Estime. Qu’en est-il de la hauteur en nombre de girafe?
  • Repère dans ton environnement ou sur internet des édifices plus ou moins haut pour les placer en ordre croissant.
  • Fais voyager des sculptures ou des édifices de ton environnement.  Imagine quelques péripéties.

La girafe pas de cou

Carole Tremblay

(2020)

Couverture du livre Girafe pas de cou

 

Extrait Copibec Samuel

 

En apprendre plus sur les girafes avec Kirikou

Faire du yoga girafe

 

1er et  2e cycle

Porter un regard mathématique sur la littérature jeunesse avec l’album La girafe pas de cou -disponible dans Samuel- a intéressé des élèves de la maternelle à la 4e année. En prime, une belle réflexion sur la différence.

À la suite de la lecture, les élèves ont représenté l’histoire à l’aide de bandes de carton. Bien sûr notre Girafe Gertrude a fait l’objet d’une comparaison. Les élèves de 2e cycle ont voulu comparer la hauteur de Gertrude avec d’autres animaux à l’aide de nombres décimaux. L’occasion était belle de sortir un documentaire pour choisir de nouvelles données chiffrées. La représentation a également donné l’idée de rechercher des équivalences. Les idées mathématiques des élèves sont riches!

Au passage, le vocabulaire s’est enrichi: les ossicônes n’ont plus de secret pour ces élèves! 

Cendrillon Squeletton 

Robert SanSouci

(2007) 

Version de Charles Perrault 

Sur le site de la  Bibliothèque et Archives nationales du Québec   ICI , inscris Cendrillon dans le moteur de recherche. Version audio.

2e et 3e cycle

Tu connais certainement l’histoire  de Cendrillon imaginée par Charles Perrault.  L’auteur s’amuse à la transformer: Cendrillon vit dans un cimetière. Et voilà une proposition plutôt morbide…

  • À partir des nombreuses descriptions, imagine le plan du cimetière. 
  • Estime le temps que dure le récit.
  • Identifie les différences et les ressemblances de cette version avec la version imaginée par Charles Perrault. 

Émile Pantalon

Mireille Levert

(2005) 

Sur le site de la  Bibliothèque et Archives nationales du Québec   ICI , inscris Émile dans le moteur de recherche. Version audio.

1er cycle

Émile Pantalon est grand, très grand, trop grand.

  • À partir de quelle taille un enfant comme Émile est trop grand? Quels sont les avantages?
  • Est-ce possible d’avoir des jambes interminables?
  • Quelle est ta taille?  Estime celle d’Émile et de sa maman. 

Les yeux noirs
Gilles Tibo

(1999) 

Livres ouverts

Version  dessins animés ONF 

1er et 2e cycle

Mathieu est non voyant.  Se repérer dans l’espace requiert des stratégies particulières.  Quelles sont-elles? 

Imaginer un parcours et demander à un camarade ayant les yeux bandés d’y circuler en suivant les consignes: à gauche , avance de 3 pas, etc. 

Les mathématiques, c’est une question d’image mentale. Écouter l’histoire en imaginant les illustrations et la relire ou la regarder avec les illustrations pour inviter les élèves à discuter de l’importance des représentations. 

Les contes qui comptent

Application tablette

1er cycle

L’application donne accès à des histoires proposant des idées mathématiques.  L’enfant peut écouter l’histoire, s’enregistrer pour lire ou s’enregistrer pour émettre une idée mathématique.  Un lecteur choisi par l’élève pourrait également enregistrer sa voix.