Le renouveau pédagogique arrive à grand pas en troisième secondaire. Certains enseignants n’ont pas encore ouvert le programme de science et technologie du deuxième cycle du secondaire. Lorsqu’ils font, leurs préoccupations sont centrées sur le contenu de formation. Quel changement! Plusieurs d’entre eux sont aussi embarrassés par la « technologie » qu’ils auront à enseigner. D’autres sont insécurisés par l’absence de matériel.
À ce moment, parler des compétences disciplinaires est inutile. La première chose à faire est d’être réaliste. Voici donc trois énoncés qu’on peut prendre comme postulats. S’ils s’avèrent faut, nous ne pourrons qu’être agréablement surpris!
- Les enseignantes et les enseignants ne pourront pas maîtriser le contenus des six disciplines qui constituent le cours de science et technologie pour le mois de septembre 2007
- Au congrès de l’APSQ 2006, aucune maison d’édition n’avait de matériel à présenter, pas même un tiré à part. Il serait donc utopique de penser que tout sera prêt en septembre prochain. Au mieux, on aura des sections de volume en essai.
- Les gens des ressources matérielles travaillent présentement très fort à planifier la mise à niveau des classes de science et technologie. Avec la construction d’atelier, de salles de machines-outil, il s’agit de travaux de très grande envergure! Dans le monde de l’éducation, c’est l’été, avec deux semaines de vacance obligatoires, qu’on peut entreprendre des travaux de rénovation majeures. Soyons réaliste, toutes les classes ne seront pas prête pour le mois de septembre.
Constat de la situation: le programme de science et technologie qui sera enseigné l’an prochain ne sera pas tout à fait le programme ministériel. Il ressemblera beaucoup au cours de biologie 314, ET C’EST BIEN CORRECT.
J’ai cependant bien dit RESSEMBLERA au cours de biologie 314, je n’ai pas dit sera le cours de biologie 314. IL FAUT NÉANMOINS AMORCER LE CHANGEMENT.
APPRIVOISER LE CONTENU DE FORMATION
Il faut donc apprivoiser rapidement le contenu du programme de science et technologie. Pour ce faire, Marc et moi avons créé un petit document Science et technologie, troisième secondaire: Aujourd’hui vers demain permettant de partir de la réalité des enseignantes et enseignants de science de troisième secondaire. Dans ce document, on les amène à identifier les éléments du programme de biologie qui ne sont plus au programme de S&T soit parce qu’ils sont vus au premier cycle ou qu’ils sont retirés. On leurs demande par la suite d’ajouter à leur planification actuelle, les éléments du nouveau programme avec lesquels ils ou elles se sentent à l’aise . On est cependant clair: ON AJOUTE SEULEMENT CE QUE L’ON VA FAIRE!
Cette activité a été vécue vendredi passé. Elle s’est bien déroulée et, je crois, a été appréciée des enseignantes et enseignants. Mon feeling est qu’elles et ils ont pris conscience des poignées quelles et ils avaient sur le nouveau programme. Ils ont aussi remarqué que les contenus avec lesquels elles et ils ne se sentaient pas à l’aise sont moins nombreux qu’il n’y parait.
LE RENOUVEAU EN DEUX IDÉES
Oublions temporairement les tonnes de page qui constituent le programme de formation de l’école québécoise et centrons-nous sur l’essentiel :
La réforme dans le fond c’est:
- S’organiser pour que les élèves sachent et comprennent pourquoi on leur enseigne un concept.
- S’organiser pour que les élèves fassent quelque chose avec les concepts qu’on veut leur faire apprendre
Si un enseignant fait ça, je verrais bien mal quelqu’un lui dire qu’il ne fait pas sont travail! (Les puristes diront le contraire, mais moi, j’en demeure convaincu.)
L’accueil des enseignants face à notre vision du renouveau en deux phrases semble bon. Vendredi passé, le non-verbal de certaines personnes laissait croire que la réforme finalement «c’est possible!».
ILLUSTRER PAR UN EXEMPLE
Comment une enseignantes ou un enseignant peut-il partir de ce qu’il fait et migrer vers le «renouveau pédagogique»? Rien de mieux qu’un exemple!
Pour trouver cet exemple cependant nous nous sommes placés certaines contraintes.
- On ne tombe pas dans le sensationnalisme.
- Il ne faut pas que ça prenne une éternité à planifier.
- On ne choisit pas un thème évident ou facile, on prend celui que plusieurs enseignants aborderont la semaine prochaine: la cellule.
- On vise une situation courte.
Voici donc le fruit de notre recherche. Il s’agit de l’amorce d’une petite mise en situation.
«Lucien, votre grand-père, a un vient d’apprendre qu’il a un début de cancer de la prostate. Son médecin lui donne le choix entre deux traitements : la radiothérapie ou la chimiothérapie. Sous le choc, il ne comprend pas bien les explications du médecin et, de retour chez lui, il est bien embêté et ne sait pas trop quelle option choisir. Pouvez-vous l’aider à se faire une opinion sur le sujet?»
Le cancer, c’est la maladie du siècle… et là on prend quelques minutes pour parler des ravages fait par le cancer et pour discuter de notre mode de vie. On campe en suite ce qu’il y aura à faire.
«Vous aurez donc à expliquer votre position sur le sujet à votre grand-père Vous devrez justifier le choix du traitement que vous lui conseiller. Vous devez avoir des arguments clairs de façon à ce qu’il comprenne bien votre opinion et qu’il puisse prendre la bonne décision. (la production la plus simple ici serait un petit texte argumentatif, mais là c’est aux enseignantes et enseignants de voir…»
À partir de cet exemple, On peut aborder (ou réviser, puisque c’est supposé être vu au premier cycle) le concept de cellule de façon similaire au cours de bio314. Cependant, là , l’élève a une raison de l’apprendre, il veut comprendre le cancer. On peut aussi ajouter des nouveaux concepts, la mitose, l’ADN, certaine biotechnologie…
Les élèves doivent maintenant faire quelque chose avec leur connaissance : ils doivent aider Lucien à se faire une opinion. En fait, ils doivent mettre à profil leurs connaissances scientifiques et technologiques pour se faire une opinion sur le sujet. Et ça, c’est directement la deuxième compétence du programme de science et technologie, deuxième cycle. On peut alors leur enseigner des stratégies de construction d’opinion ou de jugement critique.
Il est de se faire une opinion sur le sujet en consultant les sites … La qualité de l’opinion des élèves différera selon la qualité des informations recueillies.
Et voilà , en quelques minutes, on vient de transformer un cours «traditionnel» en cours renouvelé. On n’a pas viré la classe à l’envers. On a pas tout jeté à terre ce qu’on faisait avant. On a juste appliqué les deux idées du renouveau.
Les enseignantes et enseignants semblent avoir appréciés. Certains ont demandé le PPT qui servait de support au statistique sur le cancer… La réforme semble applicable.
UN PAS VERS LE DÉVELOPPEMENT DE COMPÉTENCE
On termine notre journée par l’explication des compétences. On incite les enseignantes et enseignants à dégager ce qu’il font déjà qui va dans le sens des compétences du programme de Science et technologie. On demande par la suite, de cibler un petit geste qu’on peut faire maintenant pour tendre vers le développement de compétence. On semble percevoir des enseignantes et des enseignants qui commencent à se mettre en action. Les morceaux de conversation captés laisse parfois entendre «je pourrais faire ça avec mes élèves, ce ne serait pas trop compliqué!»
Les commentaires de sur cette journée de formation sont tous positifs sauf un! La démarche que nous proposons n’est pas parfaite! Nous en sommes conscient. Cependant, elle est applicable rapidement.
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