Moi, en tant que parent, et le bulletin chiffré…

Ça fait longtemps que j’en entends parlé du foutu bulletin chiffré. Je croyais m’être réconcilié avec cette idée.

«Si la démarche d’évaluation demeure correcte, une note ou une côte, je peux vivre avec ça! On va enfin pouvoir passer à autre chose…»

Je suis resté avec cette idée plusieurs mois durant. Cependant, hier, c’était la remise des bulletins de mes enfants…CHOC!!!

Mon deuil des côtes était fait et comme prévu, la note ne m’a pas vraiment dérangé. C’est la MOYENNE le problème!

Mon enfant a, par exemple, 85%. La moyenne du groupe est de 83%. Que ce passe-t-il? J’étais habitué de voir mon enfant fort, avec des B et beaucoup de A. Là, il est juste au dessus de la moyenne! Il est ordinaire! (Le pédagogue averti, redevient vite le parent émotif…)

Ce que la moyenne ne dit pas, c’est qu’il fait parti, au dire de l’enseignant, d’une très très bonne cohorte où une très grande partie des élèves sont très très forts. S’il était dans un autre groupe, avec la même note, je serais content, je me «pèterais les bretelles».

Mais la, un vieux réflex reviens: «il va falloir travailler plus fort». Il faut être dans les meilleurs…

Une moyenne tout seule, comptabilisée sur un petit nombre d’élèves et sans écart-type, c’est un chiffre qui désinforme, qui projette une illusion plutôt que la réalité. Et ça, je me sens seul à le voir. Je discutais avec d’autres parents hier, qui eux étaient bien contents de revoir la moyenne et qui ne voyaient pas sa limite.

«Si mon enfant est en bas de la moyenne, on va le faire travailler plus fort, s’il est en haut c’est correct!»

C’est s’arrêter à la première information sans se questionner.
Mon enfant est avec des surdoués. Et bien je lui tape sur les doigts pour un bon résultat.
Mon enfant est avec des élèves en difficulté. Et bien je le félicite et lui achète de beaux cadeaux pour des résultats ordinaires…

De plus, en discutant avec les enseignants, je me rends compte que la moyenne a des effets très pervers sur le jugement professionnel. Ce n’est pas énoncé comme tel mais des commentaires du type «Je n’ai pas regardé la moyenne tout de suite» en dise long sur ce qui pourrait arriver dans des classes où la confiance de l’enseignant en lui-même est plus ou moins affirmée.

Je ne serais pas surpris de revoir des commentaires du type : J’ai baissé la note de certains élèves, la moyenne était beaucoup trop forte. J’ai fait passé Marie et Mario parce que la moyenne était trop faible. Le jugement critérié du développement de la compétence de l’élève va en prendre pour son rhume!

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